jeudi 30 août 2012

Les larmes du Drapeau.

J’ai longuement flotté sur les champs de bataille
Résistant bravement aux coups de la mitraille
Maintes fois ma voilure épongea dans le vent
Le sang des soldats morts, les pleurs des survivants.
Au sommet du pays je dressais mes couleurs
Témoignage vibrant de la Foi de l’Honneur.
Les anciens devant moi soulevaient leur chapeau,
Qu’y a-t-il de plus beau que l’Amour d’un drapeau ?
Mais la honte survint par un soir gris d’hiver:
Ma hampe fut brisée par des mains étrangères.
Lacérés, mes beaux plis sanglotaient en silence
En voyant que ces doigts s’attaquaient à la France.
Devant la foule haineuse, on me jeta à terre.
Un instant je pensais : « nous sommes donc en guerre ! »
Mais en guerre un étendard a ses défenseurs,
Içi nul n’accourut pour calmer ma douleur!
Les uniformes bleus trépignaient de colère,
Mais leur chef, tout là-haut, préservant sa carrière,
Me laissa sans mot dire aux mains de mes bourreaux :
Je mourus sans qu’une arme quitte son fourreau.
Ce soir je regrettais de porter ces couleurs,
Car une part de la France est morte dans mes pleurs.
Quand mon pays me laisse ainsi succomber, seul,
Je ne suis plus drapeau, mais je deviens linceul

Lieutenant-colonel Michel BRAULT .

1 commentaire:

  1. Un magnifique poème. Evidemment, ne connaissant pas son auteur, j'ai cherché et je suis tombée sur une bien sinistre journée au pays du cassoulet. Navrante et inadmissible histoire.
    Betua.

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