samedi 3 mars 2012

L'Atrébate.

Le jour se lève sur un beau matin de fin d'été et j'entends chanter l'alouette. Tout est calme désormais. Je suis couché sur l'herbe verte et sur mes doigts, trottine une coccinelle à sept points, souvenir de mon enfance dans mes chères vallées de l’ouest de l'Atrébatie.  La rosée perle sur mon visage et je lui en suis grès. Elle dissimule mes larmes . Je suis prêt et je t'attends...
Je suis venu ici chevauchant dans l'ombre de Commios, mon  roi. Tous sommes venus de très loin,  Atrébates et Morins, pour porter assistance à  l'armée de l'Arverne.. Car nous partagions pour la première fois peut être, un idéal commun. Celui de la liberté pour tous les clans Celtes, la liberté pour la Gaule.
J'ai  beaucoup combattu déjà. Je suis  monté à l'assaut de la Sabis, où il s'en est fallu de si peu pour que les choses soient  différentes et qu'à l'égal des Teutons ou des Cimbres, que nos vaillants ancêtres  avaient  si souvent repoussés,. les Romains aussi eurent été  défaits.
Mon cœur s'est gonflé à en exploser pour la première fois, ce jour là. Et tant pis, si à la fin le malheur et la défaite avaient pris le dessus. J'étais alors "un  homme" se battant avec ses pairs, pour la gloire de son peuple. Sur la Sabis, tu étais avec moi...


..."Mais les dieux sont parfois cruels... Peut être que trop sur de nous, nous ne les avons pas correctement honorés. Mais je sais que ce n'est pas le cas pour toi! Car tu étais dans mon cœur  si gros!"...


La paix de Rome est venue. Je suis rentré chez nous  et je l'avoue, j'ai longtemps détesté Commios, notre roi pour l'avoir acceptée. Mais je ne suis pas si sot que çà  et finalement, j'ai compris que là, où je voyais de la forfaiture. il était juste question d'intelligence. Notre Roi  nous avait  permis de ne pas  avoir à livrer les nôtres en otage, de ne pas  être écrasé par les impôts  de l'empire. Il a surtout fait en sorte que les Atrébates et les Morins ne soient pas effacés d'un souffle de la surface de la terre par cet adversaire si belliqueux.


De mauvaises langues au "pays du sanctuaire" disaient que j'étais aussi teigneux qu'un Nervien. Ils n'avaient pas vraiment tort, car lorsque Commios a sonné le rappel. J'ai été le premier à y répondre!
Nous avons chevauché vers le sud. C'était un bel été, tout à la gloire de Bélénos. Nous avons quitté nos terres brumeuses, nos forêts et nos étangs pour traverser des coins de verdures où chantent les rivières. Nous avons compris alors pourquoi ces clans du sud étaient bien moins rudes que nous. La vie semblait bien douce ici. Nous aurions pu être envieux. Mais ces doux paysages ne sont rien  à côté de la beauté des forêts d'Atrébatie, ou de la vaste mer grise qui borde la Morinie, à juste une journée de marche de ma ferme. La beauté vraie est là haut!.


Nous sommes arrivés  devant le plateau d'Alésia, aux derniers jours de l'été. Déjà, les feuilles des arbres prenaient des couleurs pourpres et or qui n'étaient pas sans nous rappeler nos terres. Pour la première fois de ma vie, j'ai ressenti de la nostalgie.Peut être était-ce un présage?


C'était encore la nuit, lorsque les Carnyx, nos trompes de guerre ont sonné le temps de la bataille. J'ai chevauché notre jument et je suis monté à l'assaut de Rome, ma lance à la main. Tous, nous  hurlions notre amour pour Teutatès et  lorsque de l'autre côté  des fortifications des petits hommes bruns, nos frères nous ont répondu. Mon cœur s'est gonflé à en exploser, pour la seconde fois de ma vie.
Nous hurlions tous notre amour pour Toutatès, mais mon cœur énorme ne battait que  pour toi!
J'ai chargé en hurlant à nos frères de l'autre côté de faire de même. La clameur qui s'élevait de notre camp a trouvé réponse de l'autre côté. ils ont crié plus fort que nous  encore et je le dis bien haut, si nos dieux ne nous ont pas entendu ce matin là.  C'est qu'ils étaient bien partisans... C'était là leur choix...


Je suis monté à l'assaut, en criant ton nom!.  J'ai transpercé plusieurs de ces petits hommes bruns et j'ai gouté leur panique.Je n'ai pas failli! Aucun d'entre nous n'a failli! 
La cavalerie Atrébate a porté haut la gloire et l'honneur  de nos clans et personne  après ce jour, n'aura plus jamais l'audace de dire que nous ne ne sommes que de pauvres paysans! Jamais plus! 

Mais ces lâches ont transpercé de leurs lances le cœur d'Eponila, ma jument et elle est tombée. J'ai roulé sur le sol. Je n'ai pas eu le temps de me relever que deux  dagues  me transperçaient le corps.  Je n'ai presque pas ressenti la douleur, tant il m'importait de montrer à ces rats  comment un Belge sait mourir. Je suis parti dans la mort en hurlant ton nom! M'as tu entendu? Sais tu que j'ai emmené avec moi ces deux petits hommes bruns? Que dans un grand éclat de rire, je me voyais déjà t'offrir  leurs têtes?
Je suis mort, mais j'en suis revenu...


Le jour se lève sur un beau matin d'été. Tout est calme désormais et j'entends chanter l'alouette comme un heureux présage. Sur les doigts de cette main, de ce bras que je ne peux désormais plus bouger, trottine une coccinelle à sept points, souvenir de mon enfance dans mes chères vallées de l’ouest de l'Atrébatie. La rosée perle toujours sur mon visage et je lui en suis grès car elle dissimule mes larmes. 
Je n'ai aucun regret, sinon peu être de n'avoir pu serrer la main  dans cette vie, d'un Arverne chevelu... C'est un beau jour pour mourir.

Je te vois venir à moi et pour la dernière fois, mon cœur se gonfle à en exploser! Emmène moi chevaucher  vers le monde des dieux et des héros. S'il te plait, parle leur de moi pour qu'ils  m'ouvrent les portes de "la terre des vivants." 
Je suis prêt Epona et je t'attends...
Je suis prêt et je crie ton nom!.




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