samedi 6 septembre 2014

Uxellodunum.



Je regarde ma main gauche.
Elle est comme  habitée d’une vie propre.
Elle est brave, elle est droite et moi je suis gauche.
A main droite, un bourreau hilare.
A main gauche, un jeune soldat décomposé.
Je regarde ma main gauche.
Toute ma vie durant, j’ai  pensé qu’elle ne me servait pas ou si peu.
Mais en cet instant ultime, je prends soudainement conscience, que c’est elle qui m’a toujours protégé.
Je regarde ma main gauche.
Au temps de l’enfance, c’est elle, qui parait les coups du père.
Au temps de la guerre, c’est elle, qui tenait ferme mon bouclier.
Je regarde ma main gauche.
Elle est habitée d’une vie propre.
Je regarde ma main gauche.
Au moment de me quitter, elle est brave et droite.
Je regarde ma main gauche.
Elle est droite et moi je suis gauche.
Je regarde ma main gauche.
Mon cœur se sert.
Je regarde ma main gauche.
J’ai peur...
Je regarde ma main gauche.
J’ai mal!
Je n’ai plus de main gauche.
Je gueule :
« Crève César ! » 



1 commentaire:

  1. Pour l'avoir lu, je savais que les Romains étaient coutumiers de cet acte odieux.
    Ici, un très beau poème, terrifiant parce qu'il s'agit d'une personne de chair et de sang dont on ressent l'angoisse.
    Cecos ac Caesar.
    Betua

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