samedi 17 septembre 2011

Iouantu Einstein "TriCanauos". (la jeunesse d'Einstein "Des trois jeunes chiens")

Si E'Clyde est né dans une bergerie, moi je suis né à la ferme et mes parents travaillaient sur un troupeau de vaches féroces! Ce qui vous en conviendrez et bien plus impressionnant que de jolis moutons blancs! je suis moi aussi un garçon de ferme tricolore. J'ai un masque plus noir que celui d'E'Clyde et un regard plus sombre. ce qui fait que parfois, les bipèdes ont un peu peur de moi. C'est d'autant plus bête que moi, j'aime les humains! Mais je sens parfois chez eux comme de la retenue.
Mon destin ne devait pas être de suivre le chemin de ma famille et de travailler à la ferme, car j'ai été adopté par une famille avec de petits enfants qui vivaient dans un pavillon. Je suis arrivé chez eux l'été 2009 et ça été un chouette été pour moi en leur compagnie.
Mais même les plus beaux étés ont une fin et l'automne est venu. Mes maitres sont retournés travailler et les enfants sont allés à l'école. J'ai alors connu la solitude. Pour passer le temps et je l'avoue leur montrer que je n'étais pas trop d'accord, j'ai fait quelques bêtises et une ou deux grosses conneries dans la maison. Le résultat, c'est que j'ai été condamné à passer mes journées au garage... J’espérais autre chose que çà.
J'attendais donc la journée durant le retour de mes maitres et le soir, il y avait une petite ballade et la sortie dans le jardin, histoire de s'aérer un peu. Pour moi, c'était trop peu. J'avais besoin d'aventure et d'espace, car voyez vous, je suis un aventurier. Il y avait la barrière, pas bien haute qui me faisait de l’œil, derrière c'était les grands espaces de la ville et la liberté. Faut me comprendre, je suis un Border! Les grands espaces, la liberté battent dans mon cœur.
Plusieurs fois, j'ai fugué. mais j'ai toujours été repris car je me baladais pas très loin. Mais ce soir là, j'étais décidé. Je passerais la barrière et j'allais courir droit devant moi longtemps, très longtemps sans m’arrêter...
C'était la fin d'après midi d'une froide journée de janvier, lorsque l'ancien maitre m'a ouvert la porte pour aller faire mes petites affaires. J'ai foncé droit devant. la clôture était là devant moi, je suis passé par dessus et j'ai filé. J'entendais le maitre m'appeler. Il était en colère d'abord, puis j'ai entendu de l'inquiétude dans sa voix. Ca m'a fait de la peine et j'ai été à deux doigts de revenir. Mais l'appel de l'aventure était trop fort. Je ne l'ai plus écouté.
J'ai passé une soirée extraordinaire. j'habitais alors près d'une zone industrielles avec de grands parkings déserts et de vaste étendues d'herbe où pullulaient des lapins! Je les ai poursuivi des heures! au point d'être complétement épuisé. La nuit était tombée depuis longtemps et il neigeait. J'avoue qu'a ce moment j'ai regretté la chaleur de la maison et je me suis dit qu'il serait peut être temps de rentrer même si j'allais surement me faire engueuler...
Seulement, je ne savais plus où était la maison. J'ai donc suivi les lumières et je suis rentré dans la ville. L'aventure n'était plus aussi gaie, je l'avoue. J'avais déjà vu des voitures, mais celles que je croisais avaient des yeux de feu. Elles étaient très agressives et plusieurs fois, elles m'ont foncé dessus! J'ai commencé à avoir un peu peur et comme en plus j'avais un peu froid, je me suis rapproché des immeubles. C'est là, que j'ai croisé un type bizarre qui titubait.Il était pas méchant ce gars malgré tout, puisque c'est lui qui m'a ramené au "Cabaret" où travaille la nuit, maitre Clyde, ( il est danseur mondain, mon patron!).
C'est à ce drôle de type finalement, que je dois notre rencontre.Je lui en suis reconnaissant.
J'ai eu un certain succès avec les danseuses et les danseurs du cabaret. Moins avec le directeur qui ne voulait visiblement pas d'un chien dans ses coulisses... Il a donc demandé à Clyde de m'embarquer et d'aller me mettre à "laespéa". Je connaissais ce mot, "laespéa", c'est un pavillon avec des barreaux et sans herbe. Où on enferme les chiens méchants. Mon ancien maitre m'en avait plusieurs fois menacé... Ça se présentait mal pour moi.
Ça donc été ma première rencontre avec maitre Clyde. Il portait son "habit de lumière". Il m'a passé une corde autour du cou et m'a fait monter dans une voiture et on est parti pour "laespéa".
Mon aventure terminait mal. Mais il était pas question pour moi de chouiner comme un chiot. Me suis contenté de regarder Clyde droit dans les yeux tout le long du trajet. La neige avait cessé et il gelait à pierre fendre. Laespéa était fermée car c'était la nuit. Mais je sentais bien l'odeur des chiens stressés et malheureux. Mon cœur s'est serré lorsque j'ai vu la grosse cage des urgences de nuit. Je crois bien que celui de Clyde s'est serré aussi car il m'a dit: "Non, petit border, tu ne dormiras pas là cette nuit" Il a piqué une poignée de croquettes et nous sommes revenus au cabaret. Là, j'ai mangé un peu, le sandwich de Clyde plutôt que les croquettes volées qui n'étaient vraiment pas bonnes. Tous le monde était content que je sois de retour, même le directeur . J'ai donc attendu la fin de la nuit dans les coulisses et au petit matin, je suis de nouveau parti en voiture avec Clyde. Cette fois ci pas vers "laespéa". Nous avons quitté la ville et roulé longtemps dans la campagne. J'étais tellement excité que je n'ai même pas été malade!
Je suis arrivé à Senos Goba au petit matin du 05 janvier 2010. il était dans les six heures. Clyde a ouvert la porte et je l'ai suivi timidement. C'est là qu'une tornade tricolore nous a sauté dessus en jappant . je venais de rencontrer E'Clyde! Il a été tout aussi étonné que moi et un instant, j'ai cru qu'il allait s'évanouir, tant il était surpris! (E'Clyde est un petit coeur, faut le savoir). Mais il s'est repris et on a fait connaissance. C'était chouette même s'il était collant, car j'avais pas vu de chiens depuis longtemps.
Senos Goba était pas aussi joli que le pavillon des anciens maitres. ici tout était vieux. Au sol il y avait de la tomette froide sous les pattes. D'ailleurs, il faisait pas très chaud ici! Mais je m'y suis senti bien.
Maitre Clyde a sorti une couverture qu'il a posé près d'un radiateur. il m'a dit que c'était ma place. Il est allé se coucher, me laissant là avec E'Clyde. Lui venait de se réveiller. Il était donc en forme et m'expliquait la maison, la cours, le jardin, les balades à la plage. Moi je n'avais pas dormi de la nuit et j'étais épuisé. Tout se bousculait dans ma tête. Je suis tombé comme une masse et j'ai dormi sur ma couverture.
A Senos goba, nous avons des horaires un peu particulier. Coucher six heures du matin et lever vers midi. J'étais un peu décalé et vous comprendrez que je me suis laissé un peu allé ici et là sur les tomettes. Mais Maitre Clyde n'a rien dit.
E'Clyde m'avait prévenu qu'a son réveil, il ouvrait la porte donnant sur la cour et qu'on avait alors le droit de courir et de faire les fous. J'étais dubitatif, je sais qu'une cours c'est plus petit qu'un jardin et un jardin, c'est déjà pas suffisant pour moi... Je vous raconte pas ma surprise lorsque la porte s'est ouverte. Ici la cour est énorme! Bien plus grande que mon ancien jardin! Si ça c'était qu'une cours, le jardin dont m'avait parlé E'Clyde durant la nuit, devait être un pré! C'était le cas, mais pour accéder à ce jardin là, il fallait passer aussi une barrière... Elle n'était pas très haute. Derrière le jardin, il y avait les bois et la liberté. Je me suis approché... J'ai reniflé le bon air de la campagne et je me suis rendu compte que je n'avais pas envie de m’enfuir.
Dans l'après midi, nous sommes allé voir le docteur des chiens. Il m'a trouvé en forme, bien qu'un peu maigrichon. Allez savoir comment mais cette dame que je n'avais jamais vu de ma vie, connaissait mon nom !!! Einstein! Oui, je m'appelais bien Einstein! C'est fou çà, comment a t'elle su? A partir de ce moment Maitre Clyde ne m'a plus jamais appelé "petit Border". il connaissait lui aussi mon nom.
On est rentré à la maison et maitre Clyde a appelé mon ancien maitre, (j'ai reconnu sa voix dans le combiné). Je me demande bien comment il a pu avoir son numéro de téléphone car moi, je ne lui ai pas donné. Ils ont discuté un moment de moi et j'ai cru comprendre que peut être, j'allais rester ici.... J'ai croisé mes doigts de pattes.
Le soir est venu, Maitre Clyde est parti travailler et je suis resté avec E'Clyde. Au petit matin il est revenu et il avait avec lui mon panier et le sac de croquette de mon ancienne vie. Il avait aussi mes papiers d'identité et mon carnet de vaccination. Il m'a dit que désormais ma vie serait ici à Senos Goba. J'étais heureux.

Nous sommes le 17 septembre et ici au pôle nord, c'est déjà un peu l'hiver. Dehors, il pleut des cordes et nous sommes tous les quatre, à l’abri dans le salon. L'été nous quitte et bientôt viendra l'hiver. ce sera le troisième ici pour moi.
Le temps passe vite, surtout les belles journées d'été. Mais je m'en fiche. Chaque jour est unique et j'aime autant la froideur de l'hiver, car j'ai un "chez moi". Chaque jour qui passe, je vais jeter un oeil de l'autre côté de la barrière. Il y a maintenant des oies et des poules qui s'occupent de tondre le pré. De temps en temps on y monte avec le maitre pour jouer avec la volaille. Mais plus jamais, je n'ai eu l'envie de fuguer. Si je voulais, je pourrais! Mais ça rendrait triste mon maitre. Ca rendrait sans doute aussi triste Benca et E'Clyde. Du coup, je ne le fais pas.

Mais si je voulais, je pourrais...



Votre ami à quatre pattes, Einstein.

1 commentaire:

  1. Ah, j'ai retrouvé l'histoire de tes débuts...Un beau conte, vrai pourtant!...Vu l'espace que tu décris, sûr que tu n'as pas besoin de vagabonder trop loin: tu as tout ce qu'il te faut sous la main, pardon, sous la patte...Je connais un peu maintenant le dieu celte Ogmios:toi et ton clan, vous me faites penser à lui: ce n'est pas une fine chaîne d'or qui vous relie tous par les oreilles et la langue, mais un invisible fil de lin qui vous lie par le coeur et les mots...Toutes mes plus plates excuses à Clyde pour avoir osé le comparer à un dieu (quand même!) qui a largement le triple de son âge! (rire). Betua



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