lundi 20 juillet 2015

La course.

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A la naissance du jour nouveau, nous  avions établi notre camp au  pays des Morins des eaux salées. Face à la mer, nous avions trouvé abri  aux vents, entre le "front clair" et le "front sombre".
La marée était basse et je me souviens qu'en cette fin d’après midi là,  nous avions fait récolte de  coquillages et de crustacés dans les trous d’eau et sous les rochers. J’ai toujours aimé les produits de la chasse de mer, spécialement les moules,  que nous dégustions cuites et grillées sous la paille.
Le vent venait de l’ouest et il était doux. C’était un  bon vent d’été.
Je me souviens que ce jour là, j’avais le cœur léger. J’avais le cœur à rire.

Mais le vent d’ouest, lui aussi  était trop léger, pour que nous ne puissions pas  entendre « les voix ».
C’était juste avant le temps du sommeil, elles nous sont arrivées du sud-est. Lugubres, elles parlaient de la soldature d’Antoine qui  ravageait les villages et les communautés  du  nord de Samara.

« Les voix » égrainaient les noms. Elles distillaient le malheur.

-« Les seigneuries  « rives d’Orna » et de « Tertre-Fontaine » sont en flammes ».

-« La chefferie de  « la hulotte » est tombée, ainsi que celles de  «Chante-Lune » et de la  « Haute-Caprina ». Grand malheur sur leurs têtes !»

-«  Sa seigneurie "Cygne noir" résiste encore, elle bat le rappel ! »

-« Sommes sans nouvelles,  des chefferies  «Pont au loup»,  «Ceux de la Tena » et de  «la  pierre plate»

-« Aucune information pour les  fermes isolées ».


Les chefs nous ont laissé aller. Ils n’auraient pu nous retenir et nos frères nous ont regardés partir. Ils étaient sans voix.

Nous étions une centaine de trimardeurs  des clans d’Atrébatie du sud et  nous courions vers les terres.
Nous étions une quinzaine de gaillards des clans des marais et des bois et nous courions vers le sud.

Nous sommes quatre garçons de « Pont au loup » et  la peur au ventre, nous courons chez nous.

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1 commentaire:

  1. La vie simple et heureuse du début fait envie. (notamment les moules grillées)
    Trimardeur!... Dans ma petite tête (rire) je pensais que cela signifiait quelqu'un qui trime, donc qui travaille dur. Mais je viens de voir que ça signifie aussi celui qui marche, qui chemine.
    Très beau texte.
    Betua

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