mercredi 11 novembre 2015

Le chien de chasse.

Ce matin, Maître Clyde est allé faire une petite course au "point vert", il voulait acheter un râteau. Dans ces cas là, il nous emmène parfois S'Tein et moi. Benca qui n'aime pas les balades en voiture, reste à la maison.
Tandis que nous attendions sagement dans la voiture sur le parking, une camionnette est venue se garer pas loin de nous. Un drôle de type habillé en kaki en est descendu. Dans la camionnette, il y avait une créature bizarre ressemblant à un chien. Un ahuri qui ne cessait d'aboyer à tue tête en crachant et se cognant le museau sur les carreaux. Au bout de cinq minutes, essoufflé il s'est calmé.
Alors S'Tein l'a apostrophé depuis notre voiture, lui a crié:
-"Mon Maître à toujours dit qu'il n'y a pas plus con qu'un chien de chasse!"
Ça a rendu l'autre dingue et il s'est remis à gueuler et cracher comme un chat enfermé dans un tonneau.
Maître Clyde est sorti en même temps que le patron de ce fou de chien.
Nous on attendant assis et sages, tandis que l'autre hurlait et bavait.
J'ai vu de la fierté dans l'oeil du patron.
Lorsqu'il a démarré la voiture, il s'est tourné vers moi et il a dit:
-"Que c'est con un chien de chasse..."
S'Tein m'a regardé et il  a souri.
 
Ton ami à quatre patte, E'Clyde TriCanauos.

dimanche 1 novembre 2015

La nouvelle vie.

Le jour se couche déjà et avec la nuit qui vient, nait le treizième jour  de miđ Samon, année 3888 du calendrier celtique, c'est le premier jour de notre nouvelle vie. Finies désormais, la mine de sel et les gardes de nuits.
Maître Clyde travaillera à partir de demain,  le jour et nous on protégera la maison en attendant son retour. J'ai un peu peur que les journées ne soient très longues, vu qu'il partira du matin jusqu'au soir. Comment ferons nous pour nous occuper des oies et de la volaille? Elles étaient si habituées à nous voir venir les nourrir en début d'après midi...
Cependant le patron a expliqué que désormais, nous passerions ensemble tous les weekends et les jours fériés. D'après lui, les jours de garde seront sans doute un peu plus long, mais au final ils seront moins nombreux... Il dit que c'est un bien pour un mal et que sans doute on ne le regrettera pas. J'ai envie de le croire.
En attendant ce soir naissant, Maître Clyde et moi, nous sommes un peu inquiets. Mais on fait comme si de rien n'était , pour ne pas inquiéter les  deux gars. 
J'aimerai que ce soir ne s’arrête jamais...

Ton amie à quatre pattes, Benca TriCanauos.



vendredi 18 septembre 2015

Le sacrifice de Cnoua. (2eme partie/ fin)

C’est la naissance du second jour de la lunaison sombre de miđ Edrini. C’est une belle fin d’après midi qui pour un peu, ressemblerait encore à l’été. Le soleil descend tout doucement sur les marais. A la surface de l'eau volent les libellules.
La jeune femme est descendue, accompagnée de la petite Uimpi, le long de Caprina et elles ont cheminé quelques temps vers l’ouest, jusqu’à cette petite berge, où l’eau est plus calme et où les Dieux sont plus à même de recevoir nos paroles, nos souhaits et nos offrandes.
Reconnaissant l'endroit, les chiffons à souhaits accrochés aux arbres et les ex votos plantés dans la vase, la petit fille a demandé:
-« Sommes nous venues ici, faire une offrande ?
- Je n’ai rien amené avec moi !» soupire t'elle.

-« Regarde autour de toi, il te suffira de peu de temps, pour confectionner un joli bouquet et s’il est vraiment beau, il se peut que dans mon panier, je trouve un joli ruban pour le maintenir en forme. »
La petite fille est toute en joie et commence sa récolte, parmi les hautes herbes.
Cnoua sort de son panier une grosse paire de force. Sans hésitation, elle saisit de la main gauche la base de sa longue chevelure tressée et de la droite, elle coupe sa tresse, juste à la limite de sa tête.
Un instant, elle regarde dans sa main cet énorme serpent couleur de blé. Rapidement, elle se reprend et attrape le ruban, dont elle n’oublie pas de couper un morceau pour Uimpi. Elle le noue à l’extrémité de sa tresse.

Le très sage Druide pense que pour les souhaits importants, chacun doit être prêt a sacrifier quelque chose de précieux. Cnoua n’est pas riche. Ses bijoux sont des plus modestes, cependant et depuis toujours, on lui envie sa longue chevelure d’or.
-« As-tu fini ton bouquet, Uimpi ? »
-« Oui, j’arrive ! »

La gamine déboule et lorsque qu’elle se trouve face à elle, elle reste interdite.
-« Qu’as tu fait à tes cheveux ?»
Cnoua ne répond pas. Elle lui tend le ruban et lui dit simplement :
-« Comme promis… »

Puis la jeune fille se penche dessus l’eau calme et y laisse couler sa tresse. Son esprit s'envole dans une prière muette.
-« Tu offres tes cheveux en offrande ? Mais pourquoi donc» demande Uimpi.
Cnoua regarde sa tresse s’éloigner lentement. Un temps gênée, elle confesse, cependant à la petite fille:
-« C’est pour que Belisama prenne soin de mon ami Rufius, qui est parti à la guerre. »
Uimpi ne dit rien, mais soudain une grosse larme coule sur sa joue.
-« S’il te plait, Cnoua ! Coupe moi aussi les cheveux, pour les offrir à Belisama! Car mon papa est aussi parti faire la guerre, ce matin ! »
Un instant, Cnoua reste interdite. Que va penser la mère de l'enfant si?...
Elle lisse une des mèches de l’enfant et lui chuchote à l’oreille :

-« Juste cette mèche-ci, alors. Elle est très longue très belle et très douce. Mêlée à ton joli bouquet, elle honorera plus que nulle autre, Belisama. »
-« D’accord » répond l’enfant.

Alors Cnoua coupe la mèche et elle aide l’enfant à la nouer autour des fleurs et lorsque la fillette la met à l’eau, elle prie :
-« Belisama, très bonne et très brillante ! Garde un regard aimant sur le papa de Uimpi. Puis lorsque la guerre sera finie, ramène les nous tous les deux , lui et Rufius, au pays… »

Le sacrifice de Cnoua. (1er partie)


Aujourd’hui, à l’ aurore du premier jour de la lunaison sombre de miđ Edrini, les garçons du clan, les « guerriers » de pont à la louve sont partis vers les terres du sud, très loin d’ici pour aller faire la guerre aux Romains, au pays des Arvernes.
Notre bon chef CunaGenos est désormais un homme âgé et il lui a été refusé le droit de mener le clan à la bataille. Je pense que cela a dû le blesser, cependant, c’est un autre sacré héros qui nous représentera, puisqu’il s’agira de Cunavalos, un enfant né libre et modeste de notre clan. Son destin extraordinaire et le regard aimant des Dieux ont fait de lui, le jour de sa naissance, le frère de lait du Roi Commios de sa Haute Seigneurie MénétonCenna. Même si Cunavalos avait dû quitter notre clan depuis la fin de son enfance, pour suivre son fosterage, en d’autres lieux, il n’a jamais oublié qu’il était lui aussi, un des fils de la chienne.
La présence de cet illustre personnage a rameuté bien des gars des fermes alentours, qui peut être en d’autres occasions auraient oublié de répondre à l’appel.

Même, ceux de clans voisins tels Chante Lune, Pierre Plate ou la Hulotte, vont se joindre à eux. Leurs commandants respectifs, (sans doute après conseil avisé du roi Commios), se placeront également sous les ordres de Cunavalos.
Nos quatre petites communautés de sud Atrébatie, ainsi que leurs fermes, répondant à l’appel de Vercingétorix, aligneront ainsi prés de trois vingtaines de cavaliers et pas loin de quatre cent trimardeurs. Cela est pour nous une raison de grande fierté!
Tous se réuniront tantôt aux sources de l’Orna.

En attendant, ce matin, il n’y avait au départ d’ici que notre propre «conios», que le grand Seigneur CunaGenos, « corionos eti camulos», commandait . Avec lui marchaient ses ambacts et ses soldures, ainsi que l' ambassade de CunaGenos, dirigée par son fils aîné, le Seigneur Dumnocunos et sa garde personnelle.
Mais surtout, pour nous les gens un peu plus modestes, il y avait nos pères, nos frères et nos amis.
Moi, je n’ai plus de père et mes deux frères sont encore trop petits pour aller à la guerre. Mais parmi ceux qui partaient ce matin, il y avait mon bon ami Rufius, le « malchanceux chanceux ».
Celui là a un destin bien étrange. Bien que sa vie n’ait pas toujours été des plus heureuses, je crois que les Dieux gardent sur lui un œil aimant. Parmi tous les chemineaux qui battaient le pas, c’était bien lui, le plus beau !
D’abord, parce qu’il portait l’équipement que Galia, le forgeron avait spécialement préparé pour lui-même, avant que Cunavalos ne lui refuse la campagne à cause de sa patte folle.
Ensuite parce que le superbe sayon en sergé gris qui orne son épaule, c’est moi qui le lui avais tissé. Ce sayon était parfait, pas le moindre petit défaut et c’était pareil pour le cucullus qu’il portait dans sa besace !
Enfin, c’est aussi moi qui avais peint son bouclier. Sur fond rouge et noir, il représentait la chienne qui chasse de concert avec le loup-cervier.
Galia le forgeron n’avait cessé de dire que c’était le plus beau des boucliers qu’il avait été donné de voir, depuis celui de CunaGenos, lors de la guerre contre les Cimbres! J'avoue que j'en étais un peu fière.

Ce matin là, l’ambiance se voulait à la joie au son des tambours, des violes et des sacs à vent. Mais au fond de nous, nous étions tous inquiets. Pourtant la ferveur est montée à son paroxysme lorsque le géant roux, Roccos, a exhibé, haut dessus, sa tête notre enseigne.
La chienne resplendissait dans la lumière du matin.

Alors les bardes de Cunavalos ont chanté ses louanges et notre gloire :
- « CunaGenos, le loup gris de l’Orna est le chef puissant et le premier des champion de pont de la louve.
-Le clan frontière des marais et des bois de la chienne est le protecteur de l’Atrébatie.
-Il est son fils prodigue!
-Car la chienne accouche à chaque génération de guerriers ardents et de puissants champions.
-Ils sont féroces à la guerre, glorieux en victoires et riches en têtes.
-Jadis et hier, SénoCingétos et Cunogenos.
-Aujourd’hui et demain Cunavalos et Dumnoconos!
-Bientôt, ses autres fils !
-A jamais, torqués de bronze et d’or, casqués de fer, aux cent lances, aux cent boucliers et aux mille victoires, ce sont ceux du clan de la chienne ! »

Le compliment a été bien reçu et la foule après avoir hurlé son allégresse a entonné, lorsque la troupe s’est mise en marche des chants. J’ai cherché du regard mon ami Rufius et je ne l’ai vu que de loin. Il m’a fait un petit signe de main timide et dans le brouhaha général, je lui ai gueulé très fort de faire attention à lui et de revenir bien vite!

-« Pourquoi faut-il que des garçons Atrébates aillent se battre pour le roi des Arvernes ? »

Cnoua d'Atrébatie.

jeudi 27 août 2015

le premier jour de l'Automne.

Aujourd'hui, c'est le sixième jour lunaison claire de miđ Edrini et c'est le premier jour de l'automne. Depuis ce matin, il pleut à grosses gouttes et le jardin est trempé.
Durant toute la matinée, nous sommes restés sans électricté. Il n'y avait donc aucun bruit dans la maison, pas même le ron-ron  de l'unité centrale de l'ordinateur. Avec Maître Clyde, nous sommes restés un long moment à la porte qui donne sur la cour. Il pleuvait tant que même les oiseaux étaient muets. On est resté là,  à écouter le son de la pluie, c'était un moment assez étrange.
Cet après midi, Maître Clyde n'a pas rallumé la télévision.  Le seul bruit dans la maison, outre celui des touches lorsque le patron écrit, c'est Benca qui ronfle tout doucement. E'Clyde lui aussi s'est endormi et moi qui squatte le gros coussin, je sens que je vais faire de même...
Même les jours tristes et pluvieux, croyez moi, on est bien ici.

S'Tein TriCanauos, Ambact de Sena Goba.

mercredi 26 août 2015

Le coup de Spleen.

C'est le cinquième jour lunaison claire de miđ Edrini et depuis plusieurs jours, le temps n'est plus de la fête. Si en cet instant précis, un petit rayon de soleil perce l'horizon, depuis une semaine, c'est la pluie qui est notre quotidien.
Le Maître est avec nous et c'est étrange. Normalement, il devrait être à la mine de sel et nous a la garde de nuit.
Il y a quelques jours, il nous a dit une chose étrange. Il nous à dit que les gardes de nuit, c'était fini pour toujours.
Maître Clyde n'est pas dans son assiette. Même s'il sourit toujours, lorsque je croise son regard , il est triste désormais. Maître Clyde dit qu'il a été maltraité et trahi et qu'il ne pardonnera pas...
Il dit encore qu'il croit en la justice immanente. Ils dit que les Dieux ne laisseront pas le vice l'emporter sur la vertu.
Ça me peine de le voir comme ça. 

S'tein à son habitude fait le zouave, autour de nous, sans se faire engueuler. Benca profitant du soleil est sortie réchauffer son ventre dehors.
Il y a moins d'une heure, nous sommes allés nourrir les poules et nous avons découvert que la petite poule rousse avait encore fait éclore une couvée de poussins, ( j'en ai compté au moins huit).
Maître Clyde n'a pas pesté, il a juste dit que ce serait à elle de s'en occuper. il a cependant jeté pour eux un peu de grains moulu...

Depuis quelques jours, le temps s’écoule tranquillement. Mais déjà l'automne s'installe.
L'été 2015 a été un triste été. C'était la première fois depuis que je vis ici.
Mais on est quand même là tous les quatre, avec nos chats, nos oies, nos poules et nos poissons.
Puis, il y a les Dieux de Celtie qui sont dessus nos têtes, alors moi je suis optimiste. Tout va s'arranger bientôt. Cette dernière partie de 2015 sera le début d'une nouvelle vie pour nous tous, une vie plus heureuse encore  à Sena Goba.

E'Clyde TriCanauos, Ambact de la vieille forge.

 

lundi 20 juillet 2015

La course.

...

A la naissance du jour nouveau, nous  avions établi notre camp au  pays des Morins des eaux salées. Face à la mer, nous avions trouvé abri  aux vents, entre le "front clair" et le "front sombre".
La marée était basse et je me souviens qu'en cette fin d’après midi là,  nous avions fait récolte de  coquillages et de crustacés dans les trous d’eau et sous les rochers. J’ai toujours aimé les produits de la chasse de mer, spécialement les moules,  que nous dégustions cuites et grillées sous la paille.
Le vent venait de l’ouest et il était doux. C’était un  bon vent d’été.
Je me souviens que ce jour là, j’avais le cœur léger. J’avais le cœur à rire.

Mais le vent d’ouest, lui aussi  était trop léger, pour que nous ne puissions pas  entendre « les voix ».
C’était juste avant le temps du sommeil, elles nous sont arrivées du sud-est. Lugubres, elles parlaient de la soldature d’Antoine qui  ravageait les villages et les communautés  du  nord de Samara.

« Les voix » égrainaient les noms. Elles distillaient le malheur.

-« Les seigneuries  « rives d’Orna » et de « Tertre-Fontaine » sont en flammes ».

-« La chefferie de  « la hulotte » est tombée, ainsi que celles de  «Chante-Lune » et de la  « Haute-Caprina ». Grand malheur sur leurs têtes !»

-«  Sa seigneurie "Cygne noir" résiste encore, elle bat le rappel ! »

-« Sommes sans nouvelles,  des chefferies  «Pont au loup»,  «Ceux de la Tena » et de  «la  pierre plate»

-« Aucune information pour les  fermes isolées ».


Les chefs nous ont laissé aller. Ils n’auraient pu nous retenir et nos frères nous ont regardés partir. Ils étaient sans voix.

Nous étions une centaine de trimardeurs  des clans d’Atrébatie du sud et  nous courions vers les terres.
Nous étions une quinzaine de gaillards des clans des marais et des bois et nous courions vers le sud.

Nous sommes quatre garçons de « Pont au loup » et  la peur au ventre, nous courons chez nous.

...

vendredi 17 juillet 2015

vendredi 10 juillet 2015

le bassin des poissons.

Aujourd'hui, nous avons passé le plus clair de l'après midi dans la cour. Maître Clyde a repris sa pelle et sa pioche pour creuser l’abreuvoir à poissons. Il ne sera pas très grand, puisqu'il mesurera 2,70 m sur 1,50. Mais pour les quatre poissons du tonneau, cela sera une bien plus belle vie. Demain matin le patron terminera de creuser une fosse, hors gel, afin qu'ils puissent s'abriter l'hiver prochain. il enlèvera les derniers cailloux et mettra ce nouveau bassin en eau. Il est fort probable que pour dimanche les poissons y soient installés, définitivement, avec un petit nénuphar et quelques plantes d'eau.

Comme la terre était très dure, Maître Clyde a fait couler de l'eau pour l'ameublir et comme il faisait très chaud, ce qui devait arriver, arriva.. Après s’être copieusement arrosé lui même, il a commencer à vouloir nous arroser nous!
Moi, j'avais pigé le truc et j'observais depuis la porte de la cuisine. E'Clyde n'a pas trop aimé et est vite allé se planquer. S'Tein lui, il était persuadé de pouvoir passer entre les gouttes, alors il a continué à faire des sauts de cabri le long du trou, tandis que le maitre l'arrosait. 
Il n'est pas parvenu à passer entre les gouttes, m^me s'il affirme le contraire!
Lorsque cinq heures du soir ont sonné, le patron qui avait pris la douche et portait ses braies coupées aux genoux, a décapsulé une bouteille de bière et nous sommes montés aux oies. Pendant une heure, il les a laissé aller sous ma surveillance et pour mon grand bonheur. 
Il est bon de se sentir utile.
Depuis le début des vacances, Maître Clyde était un peu perdu dans ses soucis. Cet après midi , je crois qu'il  a un peu oublié que le monde du dehors est plein de salopards. Contre ceux-là  on ne peut pas grand chose, malheureusement. Mais je fais la promesse que s'ils pullulent dehors,  jamais les garçons et moi ne les laisserons entrer à Sena Goba.

Benca TriCanauos.

samedi 4 juillet 2015

Le bel été.



La sueur coule le long de mon cou sale et crasseux.
J’abandonne la bêche et la pioche.
Je saisis la bière fraîche et  je trouve refuge sous les arbres.
Les chiens  sont à mes pieds.
Des moments comme ça. 
Ca ressemble pas mal au bonheur…

C’est un été torride qui semble être  tombé sur le pays.
Et si déjà les gens se plaignent,  pas moi.
Je le veux ce  putain de bel  été caniculaire !
J’en  rêve depuis si longtemps!

Si la sueur coule le long de mon cou sale et crasseux.
Et que je souffle comme un bœuf. J’aime ça.
Presque autant que le goût de la bière fraîche sur ma langue.
Les chiens  eux, boivent à la mare.
Des instants comme ça. 
Ca ressemble pas mal au bonheur….

Si les gens se plaignent, pas moi.
Je sais que bientôt  viendra la nuit.
Elle sera aussi  fraîche  et douce que  la bière.

La sueur ne coulera plus le long de mon cou et je serai propre.
Je regarderai la lune en espérant que demain, le soleil soit encore là.
Un  putain de bel  été caniculaire !
Celui dont je   rêve depuis si longtemps.

mercredi 17 juin 2015

Autel Olaf Roméo, été 2015

Aujourd'hui, c'est la fin du sixième jour de la lunaison sombre de miđ SimiuiSonna
Depuis l'hiver dernier, Maître Clyde avait quelque peu négligé l' Olaf Roméo. Il faut dire  que depuis l'installation de notre petit autel domestique au bureau et le retour dans la maison de la statuette de Bélénos, c'était beaucoup plus pratique pour nous que de monter au jardin, spécialement l'hiver. 
Pourtant, l'autel Olaf Roméo  nous tient à cœur, car il est notre premier serment, notre premier engagement vis à vis des Dieux de Celtie. Chez nous voyez vous, la parole donnée à un sens et dans le cas présent, Maître Clyde a juré...
Cet après midi donc, le patron est monté avec ses outils de jardin. 


L'autel avait besoin d'un bon nettoyage. Ainsi au nord et à l'est, pas mal de mousse avait fait son apparition. Maître Clyde a donc frotté fort et la belle couleur rouge des poteaux est réapparue.



Il a ensuite bêché le sol et installé une toile de géotextile afin que les mauvaises herbes ne puissent plus pousser à l'intérieur.  il a déposé cinquante kilos de graviers, ( ce qui n'est pas suffisant, il en rajoutera au moins autant) et puisque désormais les statuettes sont à la maison, il a planté dedans, un Cromo, un poteau idole, par  lequel les Dieux qui le voudront bien, pourront nous  visiter.



Comme notre autel domestique du bureau  est dédié à Epona, Bélénos et Sucellos, Maître Clyde avait dans l'idée de dédier celui là, à tous les Dieux de Celtie.  "Olaf Roméo" n'était pas à proprement parlé très gaulois, le patron avait décidé d'y adjoindre le nom du premier des Dieux qui se manifesterait. 
On imaginait pas que ce soit si rapide...
A peine avions nous fait offrande de bière  que le ciel se remplissait de nuages. J'avoue qu'un instant, j'ai été inquiète. Mais Maître Clyde était content et il souriait.
-" C'est Taranis, le tonnant  qui nous fait la première visite! L'autel se nommera donc désormais Olaf Roméo,Taranis!" Qu'il a dit.



Nous avons vêtu le cromo à nos couleurs, avec une jolie fibule de Samara, pour que chacun sache que :
" Senos Goba est une terre de Celtie et  qu'elle  jure par les Dieux que jure  sa  tribu, pas par ceux du désert, pas par ceux des voisins, juste par les siens! "  

Benca TriCanauos.

lundi 11 mai 2015

La fin des petites vacances.

Aujourd'hui, c'est le quatorzième jour de la lunaison claire de miđ Giamoni et c'est le dernier jour des vacances. La nuit prochaine, Maître Clyde reprendra le chemin de la mine de sel et nous les chiens, nous reprendrons la garde de nuit.
Comme chaque fois, Maître Clyde est un peu nostalgique, il soupire en disant que le bon temps passe trop vite. Lorsque le patron est un peu triste comme ça,  moi, je le suis aussi.

Un fois de plus, cette semaine a été bien agréable. Bélénos nous a fait la grâce de sa présence, presque chaque jour et du coup, nous avons passé le plupart de nos journées au jardin.
Maître Clyde a bien travaillé. Outre la tonte du gazon dans la cour, il a creusé un escalier  dans l’accès pentu, ( celui  qui glisse tant en hiver). Il a installé un petit potager et nettoyé ses alentours immédiats , des  racines profondes et des carottes sauvages. (Là, il a sué sévère)...
Il a également installé une nouvelle barrière pour séparer et protéger le bassin et le potager. 




Désormais, les oies pourront à nouveau quitter leur enclos pour aller manger de l'herbe dans la partie qui restera sauvage. On a testé cet après midi. elles sont sorties un moment, mais comme elles sont grégaires, elles sont rentrées assez vite chez elles, toutes les cinq à la queue leu leu. Pourtant S'Tein Benca et moi étions cantonnés derrière la nouvelle barrière et aucun d'entre nous ne les y a forcé.

La mare évolue bien. Elle est désormais habitée par plein de petites bestioles et même un têtard solitaire que nous avons revu aujourd'hui, en installant des roseaux. De temps en temps, S'tein joue les grands fauves et il  va y boire. Le patron n'aime pas ça, mais il fait comme s'il ne le voyait pas...



Benca est en pleine forme. Être dehors pour elle, c'est un grand bonheur! Tout à l'heure, elle jouait toute seule comme une folle, avec le petit renard roux en peluche et un morceau de l'arrosoir. On aurait dit un petit chiot!

La journée se termine déjà, mais il nous reste la soirée... Maître Clyde a dit que demain à la mine de sel il regarderait ses heures sup, afin de  poser encore des vacances! J'aime bien cette idée là, moi!
C'est un beau printemps que ce printemps-ci. C'est de bon augure pour l'été qui vient.  Si les Dieux le veulent, on passera encore de nombreuses belles journées au jardin, au soleil, ensemble!


Ton ami à quatre pattes: E'Clyde TriCanauos.




mercredi 6 mai 2015

Le trésor.



Demain, débuteront les « feux de Bel ». Bien que les temps soient sombres désormais, l’ensemble de notre communauté est  en joie.  Belotennia est sans doute la plus charmante des fêtes de l’année. Elle clôt les portes de la saison sombre et ouvre celles du temps de l’été.

« Belotennia, c’est aussi le temps des jeunes filles en fleurs » : Soupire Exobnos.

Depuis quelques jours, la nature est toute en sa fierté renaissante. Les Dieux, avec bonté, nous ont accordé le soleil et pluies nécessaires. Nous avons quitté nos lourds vêtements de laine, pour de plus légers.  Autour de nous la campagne est merveilleusement verte et les troupeaux de brebis paissent de nouveau, sous la surveillance des boucs, des jeunes bergers et de leurs chiens.
Le jeune Exobnos s’affaire à nettoyer les alentours immédiats du « sacré ».  Si l’autel en lui-même lui est encore  interdit, son statut de Druidillon, l’autorise à accéder au sein du sanctuaire et de cela, Exobnos  tire une grande fierté.
Le Nemeton de « BoisVert » est modeste dans sa conception. Ses fossés ne sont pas bien profonds et son enceinte  n’est constituée que d’une haute haie d’épines. Son porche est cependant un bel édifice. Quatre colonnes solides supportant un étage sur lequel sont exposés les boucliers de vaillants ancêtres.  Dans les deux colonnes massives  de la  façade, quatre crânes humains peints de couleurs vives, accueillent les visiteurs.
Lorsqu’on y entre, on constate que le chêne qui pousse à main gauche du « sacré » est encore jeune.  C’est signe d’un grand bonheur sur nos têtes, c’est là, la preuve de notre longévité à venir.

A la porte du « sacré », Exobnos oublie un instant son balai. Il écoute dedans, le « très Savant » Cassanos chanter les louanges de Bélénos. L’instant est magique, s’il ne voit pas, il l’entend. Il écoute la voix douce et tremblante de Cassanos. Le « très savant » est le servant des lieux, il est le représentant de sa « Seigneurie des Druides, grands en savoir.»
Cassanos est aujourd’hui un homme âgé. Mais il suffit de voir sa haute stature pour deviner le grand guerrier qu’il a été jadis. Car Cassanos,  jeune Druidillon,  était dans la haie d’épines, face aux Cimbres et aux Teutons. Cassanos a de sa main  coupé  et pris des têtes !
Exobnos  est   le  disciple et le servant de Cassanos. Vous comprendrez dès lors, qu’ Exobnos en tire une grande fierté.

xXx


Le jeune homme prend un instant de pause, il écoute le chant du Druide et son esprit s’envole. Il hume les odeurs du printemps, au pied de la colline, il regarde le village et son cœur s’envole. C’est bon de vivre ici !

xXx

Mais soudain les oiseaux cessent de chanter et l’espace d’un instant la nature se fait silencieuse. Au sein du « sacré », Cassanos, lui aussi s’est tu.
Exobnos  est inquiet, il observe le village en contrebas. Tout semble calme.
Mais soudain, on entend aboyer rageusement les chiens ! Courageuses les oies se portent à leur côté et  elles crachent. On entend bêler les brebis, celles là sont en panique. On entend les premiers cris de peur…
Au nord-est du village, une troupe de cavaliers se présente, ils sont suivis par de nombreux piétons en armes et désormais ce sont leurs cris de guerre que l’on entend.

Cassanos sort du temple, l’espace d’un instant, il y a  la panique dans les yeux, mais il se reprend.
-« Est-ce que ce sont des Romains? » Demande Exobnos, inquiet.
-« Des romains ou des bâtards d’Antoine, cela n’a pas beaucoup d’importance. Ils viennent pour nous détruire.»

-« Suis moi ! Entrons ! » Hurle  le «très savant ».
Exobnos reste comme paralysé, ne pouvant franchir le pas.
-« Suis moi, je te dis ! Les Dieux ne t’en tiendront pas rigueur! Crois moi, pas ce jour… ».
Alors, il s’exécute et entre dans le temple pour la première fois de sa vie.

xXx

Exobnos entre et il tombe à genoux. Devant lui se dresse le poteau idole de la tribu. Il ne l’avait encore  jamais vu. Il sait que celui-ci  était déjà en place du temps du père du père de son père et plus loin dans le temps encore. Depuis des générations, ils viennent  d’Atrébatie, de Morinie, d’Ambianie. Car ce lieu est sacré. Partout des bijoux d’or,  d’argent et de bronze, partout des armes et des boucliers.
-« Mais redresse-toi donc, bougre d’andouille! Es-tu à ce point stupide pour penser que des prières nous sauveront? Pour moi, c’est le temps de la dernière bataille ! Pour toi, c’est celui de sauver le trésor !»
Tandis qu’Exobnos reste sans voix, Cassanos s’est saisi d’une besace en peau de chèvre et il  l’emplit des trésors dédiés aux Dieux. Moult Torques, des brassards, des bagues et des anneaux, deux lingots, tous en or. Il se tourne vers le jeune homme, le saisit  et lui met autour du cou, un torque d’argent, dans la main le couteau sacrificiel si bien aiguisé.
-« Maintenant cours! Cours aussi loin que ton cœur hardi, te le permettra! Cours vers le sud, vers Ambiani ! Trouve une cachette pour le trésor de nos pères! Fais en sorte que si ni moi, ni toi ne lui survivons, aucun de ces bâtards ne mettra la main dessus.
Par les Dieux, je t’en conjure, Exobnos, cours ! Cours  à en perdre haleine… »
-« Mais toi Maître ? Que vas-tu faire ? »
-« Moi, je vais livrer ici, mon dernier combat, sous le regard de Bélénos, de Taranis et d’Aedis. Moi, mon jeune ami, je suis le plus chanceux des hommes! Mais toi, COURS !»

Alors, le jeune Exobnos a oublié qu’il était druidillon et il a  couru comme courent les bergers !

Alors, le vieux Cassanos s’est souvenu qu’il était jadis un guerrier. Au cœur du « sacré», il s’est saisi d’un bouclier  d’apparat et d’une épée. Il a testé cette dernière par trois fois sur son front et Dieux merci elle coupe sec!

xXx

Cassanos marche vers le porche d’entrée. Il est heureux de n’avoir pas aujourd’hui, revêtu son bel habit blanc.  Aujourd’hui Cassanos est redevenu  un guerrier.
Si en face, ils sont légion, Cassanos  protége le porche. Ce ne sont pas des « petits hommes bruns », ce sont les bâtards  de Marc Antoine. Le vieux Druide fait  massacre d’auxiliaires. Leurs têtes et leurs corps ensemencent les fossés de Nemeton.
Cent flèches  et des dizaines de lances s’abattent sur lui, en vain! Car le bouclier de la tribu l’a protégé. Mais cela pèse. Aussi Cassanos l’abandonne.
Alors dans un grand éclat de rire, Le Druide Cassonos charge les ennemis. Il franchit le fossé et coupe des têtes. Il tombe sous les  traits perfides. Mais de son vivant, les bâtards  n’auront  pas mis pied dans le cercle sacré.

Que cela soit dit.

mercredi 29 avril 2015

la pluie.

Le vent qui venait de la mer est tombé et désormais une pluie fine tombe sur la vieille forge. Elle mouille et fait tomber les feuilles des cerisiers.
Maître Clyde est content. C'est bien la première fois que je le vois ravi d'avoir la pluie...
Il dit que c'est bon pour toutes les  haies, le gazon et  les fleurs. Il dit que c'est bon surtout pour la terre argileuse qui était  devenue toute craquelée.

Benca est un peu chagrinée de ne pas pouvoir une dernière fois, monter saluer ses oies. elle s'est installée  sur le gros coussin du bureau et soupire.
E'Clyde, comme a son habitude est allongé sur les pieds du Maître.
J'ai bien tenté d'engager le jeu avec les deux, mais en vain.
La soirée va être calme, je crois.

S'Tein TriCanauos.



samedi 25 avril 2015

Sérieux comme un Pape, Léo fait des bulles.

Minuit a sonné, nous sommes désormais Samedi. 
Hier donc, c'était Vendredi et  je suis allé rendre visite à Léo.  C'était une belle journée de printemps ensoleillée, la promesse que 2015 nous offrira un été radieux.
Léo était de bonne humeur et cette fois-ci, il  n'a ni chialé et couiné. Bien au contraire, il était souriant et intéressé!  Il n'a même pas tiqué, lorsque je lui ai fait un bisou barbu sur le front. C'est dire combien cela m'a ravi!
Léo devient solide et  il a une bonne poigne, (même s'il n'est pas encore capable de me battre au bras de fer). 
Il se tient déjà bien droit, aussi du coup, je n'ai pas eu peur de mal faire lorsque je l'ai dans les bras. C'est plus commode, pour engager avec lui des discussions, d'après le biberon.
Car Léo, il est bavard... Ça tombe bien, moi je suis de bonne écoute.

Dès lors, si  dans les trente années à venir, tu as envie de te confier ou simplement d'échanger avec  un type asocial, bourru, (mais qui ne donnera pas automatiquement raison à tes parents), mon ami... N'hésite pas!


Léo, sérieux comme un pape, fait des bulles. 24/04/2015

Ton Oncle Clyde.

jeudi 23 avril 2015

En cette fin d'après midi, débute le onzième jour de la lunaison sombre de miđ Cutios. Bélénos est dessus nos têtes et tout doucement, il se couche sur le jardin du voisin. Depuis presque un mois, il nous fait la grâce de sa présence et de ce fait, nous avons passé presque chaque après midi dehors depuis que Maître a commencé à creuser la mare.
Bien que les eaux soient un peu troubles, la mare est devenue jolie. En quelques jours, elle était déjà habitée par des petites bestioles, comme des scarabées et des araignées d'eau.
Il y a eu aussi une drôle de chose, qu'on pensait être un petit serpent. Mais c'était juste un vilain ver.
Il n'y a pas de grenouilles pour le moment, c'est dommage car depuis  ce matin, les nénuphars ont affleuré la surface de l'eau et elles pourraient s'y poser pour prendre le soleil.



On sait aussi que désormais, ici viennent boire les oiseaux. Ils laissent même de petites crottes sur les cailloux! 


Depuis plus d'un an maintenant, une branche de saule pleureur survivait triste dans un pot. La patron s'est dit que ce serait peut être bien pour elle de venir tremper ses racines directement dans le bassin. Cependant, il faudra la surveiller pour qu'elle de grandisse pas trop!



Maître Clyde voudrait  que le jardin devienne comme un peu magique. Afin que lorsqu'il sera plus grand, Léo puisse venir y observer les oiseaux et les animaux, chasser les grenouilles et les tritons et qui sait peut être, croiser pour de vrai, les gens du petit peuple et les fées.
 Peut être bien qu'il va y parvenir...

     Benca TriCanauos.



On est bien ici.

"On est bien ici."
Benca TriCanauos.


11eme jour de la lunaison sombre, de Mid Cutios.

mardi 24 mars 2015

Un nom Gaulois pour Léo.


Il a désormais pour le protéger  un bouclier, une épée et Taranis!
Il ne lui manquait   plus qu'un "premier" nom gaulois.
Je m'y suis attelé et j'ai trouvé:
 ArgionadaGnatos CarantoGenos.
Certes, c'est un peu plus difficile à retenir que Léo.  
Mais on a le droit aux diminutifs!





samedi 21 mars 2015

Premier sang.



Premier sang.

Nous étions trois mille Atrébates de l’ouest à avoir quitté, depuis cinq jours, « Némétacon douce et boisée » en compagnie de mille cinq cent trimardeurs , des clans Morins des terres et des abords de la rivière Orna, aux allures de vagabonds. Nous faisions route avec deux mille guerriers d’élite de l’infanterie Bellovaque de « Corréos, fidèle en amitié ».
La constitution de notre troupe hétéroclite nous avait mis en retard sur le reste des armées Belges. Mais nous allongions tous la jambe pour les rattraper. Nous avions du cœur et il battait au son des tambours de guerre et des cors de la vénerie Morine.
Ce jour là, après une courte nuit de repos, nous avions repris la route dès la naissance de Bélénos et nous marchions depuis trois heures vers le sud en pays des Meldes. S’il nous avait expressément été ordonné d’éviter de piétiner les terres des Rèmes, il ne nous avait pas été interdit de longer leur frontière. C’était du moins le point de vue des Bellovaques. Point de vue que nous partagions en vérité, presque tous…
C’était une belle matinée d’été et la marche était facile.

Comme nous longions le pays des Rèmes, les coqs Bellovaques avaient bien entendu, souhaité marcher en tête et c’est donc tout naturellement qu’ils furent les premiers à les voir.
Cependant, sachez que si ce jour là, leurs carnyx furent donc les premiers à sonner l’alarme, nous, le clan de la chienne des Atrébates qui marchions à leur main droite, nous fûmes les plus prompts à réagir. Pendant que les autres en étaient encore à cheminer, nous, nous formions déjà « haie d’épines » !
L’ennemi était là, alignés en ordre de bataille sur le sommet d’une douce colline.
Ils étaient de nombreux piétons et de nombreux cavaliers. Leurs enseignes et leurs couleurs crevaient le ciel. Leurs trompes de guerre sonnèrent, mêlées à la clameur diffuse des cris des guerriers et des claquements de boucliers.

...
-« Des Rèmes, des bâtards de Rèmes !!! »…
Si le contingent Bellovaque engage sa manœuvre, bien plus rapidement il est vrai, que celui de nos frères. Nous, ceux du clan de la chienne des Atrébates, nous sommes déjà prêts ! Nous ne sommes peut être qu’une branche de trente ! Mais nous sommes la plus piquante !
-« Buroooooo (fureur)! » Gueule Broccos et nous nous mettons en mouvement, nous engageons « danse des guerres », nous engageons la guerre des provocations. Nous sommes épines!
Nos chevaliers qui chevauchaient aux avants sont revenus en trombe. Ils prennent position.
-« Roccos, Plus haut la chienne ! Que Teutatès ne voit que notre enseigne ! » Rameute notre bon seigneur Cunavalos
Et le géant rouge s’exécute! Il tend haut les bras, il tend haut son ventre, ses jambes et ses pieds et la chienne survole le champ de bataille bien plus haut que les cochons de guerre et les chevaux des autres enseignes !
Et BoccaCico « viande de bouche » souffle dans notre trompe de guerre à s’en faire exploser les poumons !
« Gussooooou ! » (Force, violence !) Hurle Broccos.
Alors nous reprenons en cœur!
-« GUSSOOOOOU ! »

Les deux mille Bellovaques forment la haie. Ils exhibent leurs enseignes, leurs capitaines gueulent les ordres et leurs trompes de guerre sonnent ! Nos frères Atrébates les suivent de peu et s’alignent à main droite. Là aussi les boucliers claquent. Les Morins accourent et se placent à main gauche!
Mais nous, nous ondulons déjà cinquante mètres devant eux ! Cette bataille est la nôtre.
Les insultes fusent envers les Rèmes. RoudoLuernos, l’aspirant bardique est le plus prolixe !

-« Culs de vaches ! Poules crevées ! Gitons de la louve ! Puissent les roues du char de Taranis vous couper en deux, non ! En quatre!
Charognards de la Celtie! Batardeaux de garennes ! Suceurs de queues ! Puissent les Dieux vous faire chier de l’air et respirer de la merde ! »
Ici et là explosent des:
-« Enfant de putain ! Galants de grecs ! »
-« je prendrai vos têtes de suceurs de bites latines, non pour honorer ma maison, mais pour amuser ma porcherie ! »
-« d’abord ta gueule sous ma lame, puis celle de ton frère, celle de ton père et celle ton fils ! »
-« Bâtards, bâtards de Rèmes ! »

Moi, si je tiens bon mon bouclier et ma lance et que j’ondule lentement au rythme de notre branche roncière, j’ai le sentiment de ne pas être à la hauteur. Ce n’est pas tant que j’ai peur, car je n’ai aucune peur ! Seulement, je ne suis plus maître de moi même. J’ondule avec les autres. J’aimerai gonfler à fond mes poumons et gueuler avec les autres, mais je ne le peux pas. Je n’ai plus de souffle. Je me meus en apnée…
Malgré tout je parviens à souffler :

-« Je vous hais ! »
Les Rèmes nous arrosent de flèches qui se fichent dix mètres devant nous. Alors, les rires éclatent et certains laissent tomber leurs boucliers et leurs lances pour exhiber leurs parties génitales. Derrière nous la clameur monte. Ce sont d’abord des voix Atrébates qui l’expriment.
-« La Chienne ! Gloire !»
Puis des voix Morines
-« La chienne, la chienne ! Gloire ! »
Enfin, elle monte au paroxysme lorsque même les Bellovaques reprennent :
-« La chienne, gloire ! La chienne, gloire ! La chienne, gloire! »


Notre mur est désormais constitué. Tous, nous souhaitons le combat. Les boucliers claquent et les carnyx sonnent. Tous ensemble nous sommes les fils des bois et des forêts :
Argousiers, Aubépines, Prunelliers, Houx et Églantiers. L'un à côté de l'autre, au combat, nous formons la haie d'épines et le clan de la chienne est la ronce qui fouette. Celle qui arrache les chairs. Celle qui danse!

Nos druides jaillissent entre les rangs et dans l’urgence, ils lancent des invocations de magie. Ils exhortent les Dieux de ne pas supporter les impies d’en face. Même si ceux là, perfides, ont eu le temps de mieux les honorer…
Parmi eux, il est celui des Bellovaques. Il était le premier devant le mur et après quelques encouragements envers ses troupes, cet énigmatique homme sec comme un lézard se détourne et marche seul contre les Rèmes. Il dépasse notre branche ondulante. Arrache le col de sa tunique et expose son torse nu à l’ennemi. Torqué d’or, il marche d’un pas vif. Il les pointe du doigt et les maudit.
Une volée de flèches s’abat sur lui, mais aucune ne le touche. Sa longue chevelure poivre et sel lui retombe sur le visage, lorsque ses deux bras se tendent vers le ciel. Son corps semble comme pris de soubresauts. La haie Bellovaque psalmodie.
Une nouvelle volée de flèches s’abat autour de lui, mais toujours en vain.
L’espace d’un instant il se tourne vers nous. Il y a comme de la folie dans son regard bleu pâle, bien qu’il sourie.
-« Aujourd’hui, les Dieux nous accorderont la victoire ! »

Sur la colline devant nous, la cavalerie Rème s’élance à notre rencontre. Alors, le druide Bellovaque sans un regard pour nous ou les siens court vers eux.
-« Aujourd’hui, les Dieux nous accorderont la victoire ! Aujourd’hui, les Dieux nous accorderont la victoire ! Aujourd’hui, les Dieux nous accorderont la victoire ! Aujourd’hui, les Dieux nous accorderont la victoire ! … »
Alors notre ronce aux trente épines le suit sans réfléchir et nous courons contre la cavalerie ennemie.
Alors les chevaliers Atrébates, bien qu’en sous nombre, parce que cela se doit, chargent la cavalerie ennemie.
Alors les Bellovaques, honteux de n’avoir pas été les premiers s’élancent à en perdre haleine.
Les Atrébates rompent le rang et les Morins aussi. Tous s’élancent. Les chiens sont lâchés
La haie n’est plus. Il ne reste que légions d’épines...

...
Ce jour là, ce sont un druide Bellovaque, trente épines Atrébates et une meute de chiens de guerre Morins qui ont fait face au premier instant de l’assaut de trois cent cavaliers Rèmes. Lorsque les nôtres sont entrés dans la danse. Nous en avons fait grand massacre. Un si grand massacre que les piétons du haut de la colline ont tourné les talons, sans demander réparation pour l’offense.
Ce jour là, nous avons remercié les Dieux cléments ! Car sinon Broccos qui fût piétiné par la cavale élancée d’un de leurs nobliaux, aucun d’entre nous n’a même été blessé. Pour les malheurs de Broccos , ils nous ont même offert en échange, le cheval, le bouclier, l’épée, la vie de ses ambacts et le nobliau en question, qui est désormais notre prisonnier.

Rufius d'Atrébatie.

dimanche 1 mars 2015

Je rentre chez moi...

Aujourd’hui, Rome, telle une putain fardée à la fin de la nuit, embaume tout autant le parfum que la merde. Bien que des milliers d’entre nous aient des jours durant, lessivé ses murs et ramassé les immondices qui souillaient ses rues. Elle continue de puer, comme puent les latrines où ses habitants aiment tant traîner et lier des amitiés.
Aujourd’hui la « ville catin » a revêtu ses plus beaux atours. Elle fête son maître. Elle fête le triomphe de l’ignoble salopard.
Ce matin, j’ai quitté la maison du maître, j’ai pris mon baluchon, mon petit « cochon de guerre » en bronze, ma couverture, ma gourde et mon couteau et j’ai volé un morceau de pain et du fromage. Ce soir, je ne rentrerai pas.



La foule en liesse est venue nombreuse, mais en jouant un peu des coudes, j’ai réussi à me trouver une place proche de l’accès au temple de Jupiter Capitolin. Les sonneurs de trompes et les joueurs de flûtes ont été les premiers à accéder à voie sacrée. On les avait entendu arriver de loin. Ils sont suivis d’une troupe de vétérans et de « méritants », vêtus de blanc comme des officiels. J’imagine que bon nombre d’entre eux sont des bâtards de la X ème légion, génocidaires d’Avaricon, d’Alésia et d 'Uxellodunon. Ils ont beau bomber le torse et sourire de leurs bouches édentées. Par tous les Dieux, qu’ils sont laids ! Gras comme des oies, huileux comme des côtes de porc. Moches comme sont moches les sénateurs de Rome. Pourtant le peuple les acclame. Il fait pleuvoir sur eux des pétales de fleurs. Ils glorifient les assassins de vieillards, de femmes et d’enfants.
S’ensuivent des dizaines de chariots contenant le butin, les enseignes et les trophées. Si certains sont décorés aux couleurs orientales, moi, dans ce capharnaüm je ne vois que ceux qui transportent les trésors de Celtie. L’or, l’argent et les pierreries dérobés dans les temples de nos Dieux.
Parmi les enseignes exhibées en trophée, je reconnais le « Moccos de guerre », fierté de ma tribu. Alors mon cœur se serre…

Après un nouvel ensemble de musiciens, viennent les animaux. D’abord des lions, des tigres des girafes et d’étranges cervidés que je ne connais pas. Parmi eux sont enchaînés des hommes et des femmes sauvages.
Lorsque paraissent les éléphants, la foule cesse de respirer.
Mais je n’ai cure des monstres, car viennent les animaux de mon pays. Un Orus énorme, suivi d’un ours bonhomme, tenu en laisse par un gnome hilare. L’ Artos est gauche et un peu apeuré, il chemine en balançant ses fesses, ne comprenant pas pourquoi la foule le hue et lui jette des cailloux.
Un gros chariot contenant dessus des cages de fer enfermant des Sangliers des Gaules. Les Moccos sont comme fous. Ils chargent contre les barreaux et s’ouvrent dessus leurs crânes. Ils meurent ainsi comme des guerriers glorieux.
Parmi les bêtes de mon pays, ils exhibent aussi de belles filles de Celtie. Malgré la peur que je devine dans leurs yeux, elles sont fières et sous les huées et les insultes, elles se tiennent et marchent droit.
Mon cœur est déchiré…

Quelques musiciens encore et c’est le temps des prisonniers de guerre. D’abord viennent les rois et reines nègres. Ils sont vêtus de tenues exotiques, de plumes d’autruches et de feuilles de palmiers. Ils sont exhibés en famille et autour d’eux, des dizaines de macaques facétieux amusent, par leurs grimaces et leurs cabrioles le peuple de Rome. Ce ne sont que rires et applaudissements.
Mais soudain les tambours de guerre résonnent. Le défilé se fait plus martial. Les cris de joie s’éteignent et la foule retient son souffle. Une cohorte de soldats sans armes, ni cuirasses fait son apparition. Ils sont martiaux et marchent au pas. Ils précédent un énorme chariot rustique, tiré par quatre taureaux blancs sacrificiels. Alors la foule les salue et hurle son allégresse.
-« Vainqueurs des Gaules ! Tonnerres ! Feux ! »

C’est alors que je le vois. Que les Dieux me pardonnent, car l’espace d’un instant, je ne le reconnais pas. Il est là devant moi, terriblement affaibli, les poignets au carcan, il se tient avec difficulté sur ses jambes. Après six années de captivité, il est méconnaissable. Pour « le spectacle », ils l’ont affublé d’un costume ridicule. Ils ont posé sur sa tête un étrange casque de bronze en forme de cône agrémenté de paragnathides énormes et de plumes de faisans. Sur ses épaules, ils ont jeté une lourde cape en peau d’ours et de loup. A son cou, pendent un torque cérémonial énorme et un collier en dents d’ours, à ses bras des colliers dorés de femmes. A sa ceinture ils ont accroché un glaive de bois…
J’ai grand mal à retrouver le beau jeune homme qu’il était jadis. Six années ici l’ont transformé en « presque vieillard ». Ses cheveux sont longs et sales, quelques mèches à ses tempes ont été tressées. Il porte désormais une longue barbe sombre et mal taillée. Quelle tristesse, lui qui était si fier de son visage glabre…
Accroché à son chariot, il chemine sous les insultes et les crachats. Mais son visage se tourne vers moi. Alors je croise son regard sombre de montagnard Arverne. Je retrouve le grand roi des Guerriers et mon cœur s’arrête de battre.
Les privations et la maltraitance ne sont pas parvenus à chasser son âme. Je le regarde, il me regarde et une lumière se fait dans ses yeux. Je n’aurai pas l’audace de dire qu’il me reconnaît, car je ne suis rien qu’un modeste client libre d’un bon seigneur, qui perdit sa liberté des murs d’Alésia. Mais à cet instant, j’aime à croire qu’il voit au moins en moi, un ami et qu’il sait qu’il n’est pas seul…

Mais le convoi continue son chemin. J’ai beau jouer des coudes, aux abords du temple de Jupiter, la foule est trop compacte. Je ne parviens plus à me frayer chemin et puis… J’ai de la pluie plein les yeux.
Alors je rebrousse chemin. Je ne vois même pas le salopard passer sur son quadrige aux chevaux blanc. Bélénos est couchant dans le ciel. Je lui tourne le dos et je regarde vers le nord. Ce soir, je ne rentre pas chez le maître. Ce soir, je prends la route vers Celtie.
Ce soir, je rentre chez moi...

Un Celte à Rome.





 


vendredi 27 février 2015

C'est bon de vivre ici...



Le vieil homme passe le pas de sa porte. C’est l’heure « d’entre les chiens et les loups », mais le chiot qui l’accompagne, lui  n’en a cure. Car  Milo est en bonheur! Il ondule du croupion et  en pisse de joie. Dans le ciel, Bélénos s’en est allé. Mais sur l’horizon  rouge, on devine encore sa présence. C’est une de ces belles soirées d’été, de celles où l’on prend conscience de  tous les bienfaits que les Dieux nous apportent. Alors au fond de soi, on sait :
C’est bon de vivre ici !
SenoCingétos, devant sa maison,  installée à mi-colline en pente douce, embrasse du regard le village qui s’étale des deux côtés de la Caprina et du marais. Il hume le fond de l’air parfumé. Il écoute les chants d’amour des grenouilles. Milo lui, chasse les criquets.
Comme il l’a fait déjà mille et mille fois, L’ancien contourne sa maison par la droite. Il a dans ses mains, l’assiette qui contient les restes de son repas du soir.  Un peu de  pain, du lard et du fromage. Il y a  aussi  ajouté un œuf dur et un bol de lait de chèvre. Il se dirige vers le grenier qui se trouve à l’orée du « petit bois ».
Qu’importe que ce bois soit petit, car  il est magique. En son centre une petite clairière forme comme un  nemeton, au milieu de laquelle  se dresse une  pierre ancienne. C’est là que vit une communauté de membres du « petit peuple ». Aujourd’hui la plupart ont oublié, mais depuis son enfance, SenoCingétos lui  le sait.
Qu’importe  que la plupart autour  n’y voient plus désormais qu’un folklore suranné. Qu'importe qu'ils pensent que le vieil homme  nourrit les hérissons ou les chats sauvages.  
SenoCingétos est un homme des temps anciens et il sait.
Milo vient de croiser la route d’un énorme crapaud et il le défie en combat loyal! Le crapaud est stoïque et il fait face.
Dessous le grenier, SenoCingétos dépose sur une pierre plate, installée là depuis le temps du père de son père, le repas  destiné aux petits gens de la forêt.
Ceux du voisinage peuvent bien le moquer, du  fond de leurs maisonnées. Grâce à l’œuf dur qu’il offre, demain  ses poules à lui  pondront. Les autres? Ils  accuseront les fouines et les furets...
Le vieil homme retourne chez lui. Il chemine par la gauche. Il appelle son chien et Milo est ravi de rompre le combat.
C’est bon de vivre ici !

vendredi 13 février 2015

La petite gloire!





Uolto Leucos,
Ops Bugios Dumnios,
Léo, "lavaratos" Immi!



Cheveux clairs,
Yeux bleus sombres,
Je suis Léo, "petite gloire"!

lundi 9 février 2015

Léo.




Léo, 04/02/15, un mois.




Certains sont des carnets,
D'autres sont des livres,
Toi,  tu  es un  grimoire précieux.
Beau, odorant et épais…
Auquel, il est  interdit d’arracher une seule page.

dimanche 18 janvier 2015

Chroniques d'Atrébatie: La bataille.

Dans la haie d’épines, parmi les hommes, se tient le valeureux SenoCingétos.
Celui-là défendra sa tribu.
Celui-là honorera son clan.
Fidèle à la parole donnée, il marche auprès des Nerviens.
Vous, Cimbres tomberez par milliers, sur le champ de bataille.


SenoCingétos brandit son épée.
Elle est large et elle est tranchante.
Elle porte le nom de « coupe-tête »
Celui-là défend nos terres contre cette armée.
Les guerriers tombent les uns après les autres.
Et la mort s’abat sur la terre.

L’ennemi est tenace, mais SenoCingétos déchaîne ses hommes.
Ivres de vaillance, ils se ruent à l’assaut.
Farouches, ils n’économisent pas les coups.
La haine à l’œil, ils fracassent les crânes et les guerriers condamnés tombent un par un à leurs pieds.
La haie d’épines perce les cœurs.

Ce jour là, il fût fait grand massacre de Germains.