Le vieil homme passe le pas de sa porte. C’est l’heure « d’entre
les chiens et les loups », mais le chiot qui l’accompagne, lui n’en a cure. Car Milo est en bonheur! Il ondule du croupion et en pisse de joie. Dans le ciel, Bélénos s’en
est allé. Mais sur l’horizon rouge, on
devine encore sa présence. C’est une de ces belles soirées d’été, de celles où
l’on prend conscience de tous les
bienfaits que les Dieux nous apportent. Alors au fond de soi, on sait :
C’est bon de vivre ici !
SenoCingétos, devant sa maison, installée à mi-colline en pente douce, embrasse
du regard le village qui s’étale des deux côtés de la Caprina et du marais. Il
hume le fond de l’air parfumé. Il écoute les chants d’amour des grenouilles. Milo
lui, chasse les criquets.
Comme il l’a fait déjà mille et mille fois, L’ancien
contourne sa maison par la droite. Il a dans ses mains, l’assiette qui contient
les restes de son repas du soir. Un peu
de pain, du lard et du fromage. Il y a aussi ajouté
un œuf dur et un bol de lait de chèvre. Il se dirige vers le grenier qui se
trouve à l’orée du « petit bois ».
Qu’importe que ce bois soit petit, car il est magique. En son centre une petite
clairière forme comme un nemeton, au
milieu de laquelle se dresse une pierre ancienne. C’est là que vit une
communauté de membres du « petit peuple ». Aujourd’hui la plupart ont oublié, mais depuis son enfance, SenoCingétos lui le sait.
Qu’importe que la
plupart autour n’y voient plus désormais
qu’un folklore suranné. Qu'importe qu'ils pensent que le vieil homme nourrit les hérissons ou les chats sauvages.
SenoCingétos est un homme des temps anciens et il sait.
Milo vient de croiser la route d’un énorme crapaud et il le
défie en combat loyal! Le crapaud est stoïque et il fait face.
Dessous le grenier, SenoCingétos dépose sur une pierre
plate, installée là depuis le temps du père de son père, le repas destiné aux petits gens de la forêt.
Ceux du voisinage peuvent bien le moquer, du fond de leurs maisonnées. Grâce à
l’œuf dur qu’il offre, demain ses poules à lui
pondront. Les autres? Ils accuseront les fouines et les furets...
Le vieil homme retourne chez lui. Il chemine par la gauche. Il
appelle son chien et Milo est ravi de rompre le combat.
C’est bon de vivre ici !
Un fort beau texte, empreint de celtitude et de sérénité... Et aussi de sagesse. Le petit peuple de la forêt a tout pour enchanter durablement celles et ceux qui s'attachent un peu à le découvrir. J'adore Milo et son crapaud : comme un parfum de vécu. (sourire)
RépondreSupprimerBetua