vendredi 29 novembre 2013

La dernière nuit de Samain.

Aujourd'hui, c'est le quatrième jour de la lunaison sombre de miđ Samon,de l'année 3886, de l’ère de la bataille de la Plaine des Tertres. C'est aussi et je le découvre la dernière des trois nuits de Samain.Perdus dans nos soucis et le tracas de notre quotidien, nous les avions oubliées...
Cependant aux Dieux on ne le fait pas! 
Ils ont fait en sorte que Maitre Clyde jette justement un œil  aujourd'hui, sur le calendrier de Coligny et d'Auetos. 
Ils ont  fait en sorte que notre clan Gallo-Canin ne rate pas ce jour spécial! C'est preuve qu'ils sont sur nous! Moi, ça me rassure!

Notre seul souci, c'est que nous n'y avions pas pensé... (Honte sur nos têtes)
A cette heure, chiens et homme avions déjà diné. 
A cette heure, nous étions à deux doigts d'aller nous coucher...
Mais Maitre Clyde ne s'en est pas laissé conter. Il a rappelé Einstein TriCanauos, (le grogneur du soir et en jouant de ses doigts sur sa gueule, il l'a fait  gronder et chanter  comme un Carnyx de guerre:
 "Huuuuum WaaaHuuuuuuuuuuuumWaa...."
Benca et moi nous écoutions sagement couchés sur le divan.
Maitre Clyde a dit: 
-". Samanios, c'est la réunion, c'est le partage. Bien sur il n'est pas question ce soir de banquet ou de beuverie. Mais vous avez droit de goûter  quelques gouttes de vin blanc!".
Einstein a refusé. Il a fait de la peine à maitre Clyde.
Moi, je me suis forcé. Cela l'a fait sourire.
Benca a adoré, (en vrai elle en a même redemandé) et lui, il était ravi.

Sur le coup, moi j'étais jaloux et je me suis juré que:
-"L'an prochain, j'aimerai le vin! Promis juré ! "

E'Clyde TriCanauos, Ton ami à quatre pattes.


PS: Tandis que je regardais  avec les yeux plein de tristesse, maitre Clyde clôturant ce message, il m'a de nouveau proposé un doigt de vin.J'ai bu sans hésiter et même si ce n'est pas fameux. J'ai vu que cela le ravissait!
Il m'a dit:
-"Alors ? C'est bon?"
J'y ai répondu:
-"Le vin, c'est drôlement bon! Même si ça pique un peu au museau! Mais çà Einstein ne peut pas le comprendre!"
Il m'a dit:
-"Tu as raison, Einstein ne peut pas le comprendre, mais chut... C'est là notre secret."

Un  secret, juste à lui et moi! Quel bonheur! Mon cœur de chien s'emballe!

-"Un secret à nous..." chuchote Benca avachie sur le divan.





samedi 23 novembre 2013

Laua, ( La petite)

Laua,

Aujourd’hui, la mer et le vent sont plus gris qu’à l’habitude.
Ils pleurent Laua, qui s’en va seule vers l’île divine.
Aujourd’hui, la mer et le vent sont plus gris qu’à l’habitude.
Ils emmènent Laua au pays des vivants, par-delà les souffles froids de Borée.


Aujourd’hui la mer et le vent sont plus tristes qu’à l’habitude...

lundi 4 novembre 2013

Poème Barbare

Une nuit claire, un vent glacé. La neige est rouge.

Mille braves sont là qui dorment sans tombeaux,

l'épée au poing, les yeux hagards. Pas un ne bouge.

Au−dessus tourne et crie un vol de noirs corbeaux.



La lune froide verse au loin sa pâle flamme.

Hialmar se soulève entre les morts sanglants,

appuyé des deux mains au tronçon de sa lame.

La pourpre du combat ruisselle de ses flancs.



−holà !  Quelqu'un a−t−il encore un peu d' haleine,

parmi tant de joyeux et robustes garçons

qui, ce matin, riaient et chantaient à voix pleine

comme des merles dans l' épaisseur des buissons ?



Tous sont muets. Mon casque est rompu, mon armure

est trouée, et la hache a fait sauter ses clous.

Mes yeux saignent. J'entends un immense murmure

pareil aux hurlements de la mer ou des loups.



Viens par ici, corbeau, mon brave mangeur d' hommes !

Ouvre−moi la poitrine avec ton bec de fer.

Tu nous retrouveras demain tels que nous sommes.

Porte mon coeur tout chaud à la fille d'Ylmer.



Dans Upsal, où les Jarls boivent la bonne bière,

et chantent, en heurtant les cruches d' or, en chœur,

à tire d' aile vole, ô rôdeur de bruyère !

Cherche ma fiancée et porte−lui mon coeur.



Au sommet de la tour que hantent les corneilles

tu la verras debout, blanche, aux longs cheveux noirs.

Deux anneaux d' argent fin lui pendent aux oreilles,

et ses yeux sont plus clairs que l' astre des beaux soirs.



Va, sombre messager, dis−lui bien que je l' aime,

et que voici mon coeur. Elle reconnaîtra

qu' il est rouge et solide et non tremblant et blême ;

et la fille d'Ylmer, corbeau, te sourira !



Moi, je meurs. Mon esprit coule par vingt blessures.

J' ai fait mon temps. Buvez, ô loups, mon sang vermeil.

Jeune, brave, riant, libre et sans flétrissures,

je vais m'asseoir parmi les dieux, dans le soleil ! 

Charles Marie René Leconte de L'Isle 1864